Réunion du 09/02/2010
Changement
des noms des rues de Grenade
Dès la création de la bastide en 1290, les moines de Grand-Selve donnèrent un nom à chaque rue de Grenade et, bien sûr, presque tous ces noms furent à caractère religieux. Ils devaient perdurer pendant six siècles.
Même à la révolution, Grenade plus timorée par rapport aux idées nouvelles, résista à la mode du changement d’appellation de rues, ou même de communes, qui déferla sur toute la France ou presque.
Ce n’est qu’un siècle après que les grenadains, s’étant fait à l’idée que le retour à l’ancien régime était peu probable, que l’administration communale n’était plus liée à une institution religieuse, se décident à « laïciser » le nom des voies de la bastide.
Il y a d’abord une première tentative en 1890 : à la réunion du Conseil Municipal du 11 mai, Monsieur Estellé propose ce changement. Le Conseil nomme donc une commission chargée d’étudier la question.
A la réunion du 25 mai le Conseil déclare ne pas être suffisamment « préparé » et que, avant de changer quoi que ce soit il fallait savoir combien cela coûterait, et connaître le prix des plaques d’indication.
Le 5 octobre le Conseil dit que « la
commission nommée pour cette modification doit étudier le projet »
mais, le 16 novembre, « par suite de l’absence de Monsieur Estellé,
rapporteur, la question du changement du nom des rues est renvoyée à une séance
ultérieure .»
Et l’on n’en parle plus pendant trois ans.
Ce n’est que le 29 octobre 1893 que Monsieur Barrau remet la question à l’ordre du jour. Le Conseil décide alors de nommer une nouvelle commission. Celle-ci, composée de M.M. Barrau, Monna, Estellé, Cayrou, Abeillou, présente le résultat de ses réflexions au Conseil du 26 novembre.
Le conseil approuve les modifications suivantes :
Anciens noms Noms substitués
Allée Sébastopol Allée Sébastopol
Rue des Religieuses Rue Cazalès
Rue de Save Rue de la République
Rue des Pénitents-Blancs Rue Castelbajac
Rue des Capucins Rue de l’Egalité
Allée de Toulouse Allée d’Alsace et Lorraine
Chemin de Ronde Nord Quai de Garonne
Rue de Garonne Rue Lafayette
Rue des Noyers Rue Roquemaurel
Rue de Toulouse Rue Victor-Hugo
Rue Notre-Dame Rue Gambetta
Rue St Nicolas Rue Pérignon
Rue St Jacques Rue Solferino
Rue St Julien Rue Hoche
Rue St Bernard Rue Kléber
Rue Ste Cécile Rue d’Iéna
Chemin de Ronde sud Quai de Save
Noms des rues qui n’en
possédaient pas jusque là :
Porte de Toulouse jusqu’à l’usine Michaud Avenue Lazare Carnot
La Tournelle Rue Chaupy
Depuis la maison Soulhié jusqu’à Fermat Rue Marceau
Tivoli Rue Villaret-Joyeuse
Depuis le chemin vieux de Verdun jusqu’aux allées Avenue du 22 septembre
Carpenté Rue de Belfort
Continuation se la rue de Toulouse après l’allée Sébastopol Rue de Wagram
Foirail St Bernard Cours Valmy
Lorsque l’on observe le choix de ces noms de rues, il paraît évident que le Conseil Municipal de 1893 a cherché à faire plaisir à tout le monde. Bien sûr les notoriétés de Grenade, les Cazalès, Pérignon, Chaupy, Roquemaurel, n’ont pas été oubliées. Mais l’on voit que toutes les périodes du XIXe siècle sont évoquées : la monarchie, la révolution, la République, le premier Empire, la Restauration, le second Empire.
Les grandes institutions ont leurs représentants : l’Eglise, l’Armée, la Marine, l’Assemblée Nationale, le Sénat.
La pensée du XIXe s’exprime par des écrivains, un historien-archéologue, un explorateur , un aérostier, des politiciens.
Chacune des personnes nommées peut être citée à plusieurs titres.
Le choix de nommer des rues du 22 septembre ou de la République désigne la pensée républicaine bien ancrée. Mais l’idée de nommer, comme dans de nombreuses autres communes, rue de l’Egalité, la rue qui va de l’église au cimetière est, soit une note d’humour, soit du fatalisme.